Le Dernier Roi d’Ecosse (The Last King of Scotland)

 

Un film de Kevin MacDonald

 

D’après l’œuvre de Giles Foden

 

Avec Forest Whitaker, Gillian Anderson, James McAvoy, Kerry Washington…

 

La représentation d’un dictateur au cinéma est toujours délicate. Récemment, La Chute représentait les derniers jours d’Hitler et osait montrer une facette humaine au dictateur responsable du génocide juif. La controverse qui a accompagné la sortie du film révélait pourtant une vérité, tout homme, puisse-t-il être monstrueux, reste un homme, un être humain.

 

Dans le dernier roi d’Ecosse, Kevin MacDonald a souhaité raconter l’histoire d’Idi Amin Dada, dictateur sanguinaire d’Ouganda dans les années 70. Un règne qui s’est conclu par la mort de près de 300000 ougandais.

Amin Dada était un dictateur mais il avait le charisme d’un chef d’Etat, d’un homme chaleureux, moderne, maîtrisant la langue anglaise, ayant combattu l’armée britannique aux côtés des soldats écossais, charmeur avec les médias occidentaux. Un personnage d’une réelle complexité qui malheureusement ne fût pas le sauveur de l’Ouganda, qui ne devint pas l’espoir attendu lors de son arrivée au pouvoir.

 

C’est à travers le regard d’un jeune médecin écossais, idéaliste, aventureux, que nous découvrons la nature du président ougandais. Venu en Ouganda pour vivre une aventure, il va se retrouver médecin personnel d’Amin Dada, puis l’un de ses conseillers personnels. Un personnage inspiré par plusieurs ayant côtoyé le dictateur ougandais lors de son règne.

 

Ce qui frappe dans ce film, c’est d’abord la performance magistrale de Forest Whitaker. Lauréat du Golden Globe et de l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle, le comédien trouve un rôle à la mesure de son talent. Puisant dans la richesse des émotions de son personnage, sa complexité, son intelligence et sa colère, sa peur, Whitaker le rend à la fois humain et inhumain, tout simplement vrai, juste. Ces récompenses, incontestables, soulignent également le talent d’une œuvre qui a su trouver le juste équilibre entre le récit, le biopic et le film d’action.

 

Le rythme enlevé du film permet au spectateur de ressentir l’urgence qui caractérise les personnages, l’ambition et l’insouciance du jeune médecin, la folie et la mégalomanie du dictateur, dont la chute semble inexorable, pourtant suspendue à la révolte d’un peuple.

Kevin MacDonald, oscarisé pour le documentaire Un Jour en Septembre, sur les Jeux Olympiques de Munich et la mort des athlètes israéliens, a su faire une œuvre d’une puissance dramatique réelle, racontant le destin d’hommes avides de pouvoir, chacun à leur manière, et se trouvant confrontés à une réalité qu’ils n’ont pas su gérer, anticiper, dépassés par elle.

 

Le Dernier Roi d’Ecosse permettra à beaucoup de découvrir qui était Idi Amin Dada, de découvrir également la souffrance de l’Ouganda, parabole de cette Afrique continentale qui s’extirpe avec douleur des dictatures post-colonialistes.

 

Une œuvre déjà majeure, qui souligne le talent de Kevin MacDonald, et confirme celui de Forest Whitaker, pour ceux qui doutaient encore de son incroyable versatilité.

 

Arnaud Meunier

17/03/2007